Sur le site de l’ancienne usine Boinot, une araignée géante tisse sa toile depuis le début de la semaine. Une toile faite en scotch, œuvre éphémère de Yorga. Une performance évolutive pendant toute la durée du festival Téciverdi, avant sa probable disparition. A découvrir de toute urgence !
Quel genre d’araignée a bien pu tisser cette toile géante sur le site de l’ancienne usine Boinot, côté cale du port ? Entre séchoir et château d’eau, un entrelacs de fils dessine une sculpture aérienne qui apparaît à la fois fragile et robuste. C’est l’œuvre de Yorga, artiste “breton contrarié“ (né et élevé en Bretagne par des parents normands) qui, depuis 15 ans, forge son style en réalisant performances et installations éphémères tissées avec du scotch et du film cellophane. Dans un langage et une technique qui lui sont propres, Yorga compose ainsi des formes organiques qui jouent sur la transparence et l’occupation diaphane de l’espace.
L’artiste avoue un véritable coup de cœur pour le scotch dans cette période très fugitive de sa vie durant laquelle, pendant une semaine, il a été déménageur. Pour cet ancien musicien expérimental, le scotch c'est un son, incomparable à son oreille, lorsqu'il se dévide de son rouleau. C'est aussi un étonnant capteur de lumière qui, de jour comme de nuit, réagit et restitue des couleurs toutes en nuances. « Avec le scotch je dessine dans l’air, dans un lieu, une structure qui n’existait pas et qui va disparaître après. C’est le destin de ce matériau en général d’être appelé à disparaître, à la poubelle, incinéré avec les cartons qu’il ferme… »
Pour réaliser son œuvre Téciverdienne, Yorga utilisera « ce [qu’il] a apporté dans le coffre de [sa] voiture ». En l’occurrence : 18 kilomètres de ruban adhésif polypropylène, ni plus, ni moins.
Depuis lundi 25 juin, Yorga travaille à sa sculpture guidé par son rouleau de scotch et sa musique. « Quand je commence, j’ai forcément une idée de ce que je veux faire, ne serait-ce que pour assurer les points d’attache, mais après je suis le rouleau. »
Jusqu’au terme du festival Yorga entend faire évoluer sa toile et lundi 2 juillet quelques coups de cutter pourraient la rendre aux éléments, comme une toile d’araignée vaincue par le vent ou la pluie. Ou peut-être pas, s’il était décidé au dernier moment de laisser l’œuvre en place.
Il sera donc intéressant de venir chaque jour voir évoluer l’archi sculpture de Yorga, qui donne rendez-vous aux festivaliers jeudi soir pour quelques surprises lors de l’inauguration, à partir de 21 h 30. L’artiste invite chacun a s’approprier son œuvre, comme une multitude d’araignées qui y reconnaîtraient leur toile.
(Le 26 juin 2012)