Des sons, des mots, des images : "Nos limites" est une oeuvre multimédia, fruit de rencontres avec des habitants du Clou-Bouchet et de la Tour Chabot Gavacherie. Questions à Jean-Luc Fouet, médiateur culturel au Centre d'art contemporain photographique - Villa Pérochon, et Marcel Kanche, auteur compositeur interprète.
- Qui sont les habitants que vous avez rencontrés pour "Nos limites"? Avez-vous essayé de retrouver ceux qui vous avaient laissé photographier leurs logements juste avant leur déconstruction il y a six ans ?
Jean-Luc Fouet:"Non, parce qu’ils ont quitté leurs logements et qu'ils sont aujourd'hui dispersés dans différents quartiers. En plus, pour le projet "Montre-moi" [présenté en avril-mai 2007 au Musée d'Agesci], on ne leur avait pas demandé leur nom. "Nos limites", c'est la suite sans vraiment l'être. En tout cas, ce n’est pas une enquête, ni un inventaire, ni un compte rendu".
- Comment êtes-vous allés à la rencontre des habitants ?
Marcel Kanche:"C’étaient des rencontres impromptues, dans la rue, dans les bars, dans les squares. Beaucoup se sont déroulées au bistrot du centre commercial Carrefour. Ce parvis, c’est vraiment un lieu étonnant, comme une place de village."
Jean-Luc Fouet:"Marcel a une façon d’aborder les gens et de lancer la conversation sur trois fois rien qui m'a sidéré: ça, moi je ne sais pas faire!"
Marcel Kanche : "J’essayais d’entamer un dialogue sur la thématique des limites.
- Où s'arrête votre quartier, c'est la question que vous leur posiez ?
Marcel Kanche :"Oui, je leur demandais à quel moment ils avaient l’impression de sortir de leur quartier ?Les gens se sont ouverts très facilement et se sont montrés plutôt bavards. En les écoutant, en les enregistrant, on s’est vite aperçu qu’ils n’avaient pas de limites : ils vivent dans un quartier, mais ils appartiennent à la ville de Niort."
Jean-Luc Fouet: "Ils ne se sentent ni exclus, ni rejetés, ni détachés. Ça les dérange de parler de limites ou de frontières. Par contre, il y a quand même une identité. Le Clou Bouchet, c’est quelque chose. C’est un quartier qui a vécu, qui a une histoire."
Marcel Kanche : "La thématique a un peu éclaté. Ce qui est flagrant, ce sont les limites qui explosent avec la rénovation urbaine. On a de nouveaux horizons. Les panoramas changent..."
- Pourquoi ne pas photographier les habitants?
Jean–Luc Fouet :"Rester anonyme, c’est souvent la condition qui permet le dialogue. Les gens veulent bien exprimer quelque chose, mais ils ne veulent pas être reconnus. J'ai photographié les lieux qu’ils ont désignés : les abribus, le rond-point devant Carrefour..."
- Comment allez-vous composer votre montage vidéo ?
Marcel Kanche : "Je vais prendre des choses telles quelles, y ajouter ma perception. On va entendre des bribes de conversation. Je veux donner une image plus métaphorique que réelle, suggérer plutôt qu’imposer. Les images de Jean-Luc en seront le support."
- Ces rencontres vous ont-elles inspiré une chanson ?
Marcel Kanche (auteur notamment du tube de Matthieu Chedid "Qui de nous deux") :"Peut-être, c’est possible. Rien n’est jamais perdu."
Propos recueillis par Sylvie Méaille
(Le 22 février 2013)
"Nos limites" et "Montre-moi" du 29 mars au 31 mai 2013 au Moulin du Roc (galerie le Belvédère).