:Réseaux sociaux : quel usage par les jeunes ?

Comment les lycéens utilisent-ils les réseaux sociaux ? En maîtrisent-ils les risques ? Les étudiants du département STID ont tenté de répondre à ces questions en menant une étude auprès des lycéens.

Publié le

Comment les lycéens utilisent-ils les réseaux sociaux ? En maîtrisent-ils les risques ? Ont-ils conscience de leur dépendance ? C’est à ces questions que les étudiants du département Statistiques et Informatique Décisionnelle (STID) du Pôle universitaire de Niort, ont tenté de répondre en interrogeant des élèves de seconde et de terminale de Niort, Saint-Maixent et Melle. L’enseignante à l’origine du projet, Annie Quintard, explique l’étude menée sur ce nouveau phénomène de société.

  • Comment est né ce projet pédagogique et quel a été le rôle des étudiants de 1ère année dans le montage de cette étude ?

« Nous avions déjà réalisé une enquête interne à l’IUT dans le but d’illustrer nos cours et à la suite de celle-ci nous nous sommes dit « pourquoi ne pas aller voir nos lycéens ? ». C’était l’occasion de marquer une collaboration entre universités et lycées pour étudier un phénomène d’actualité  susceptible d’intéresser le plus grand nombre.

Lorsque nous avons pris contact avec les proviseurs ceux- ci ont confié être inquiets et désemparés face à l’ampleur du phénomène et au comportement  des lycéens. Une inquiétude partagée par certains parents.
Nos étudiants ont alors réfléchi à l’élaboration d’un questionnaire. Ils ont  participé à toutes les étapes de la mise en œuvre de cette enquête, de la formulation des questions à la collecte et saisie des données. Nous avons choisi deux axes d’étude : que font les lycéens sur les réseaux sociaux ? En maîtrisent-ils les risques ? »

  • Combien de lycéens ont été interrogés et comment avez-vous procédé ?

« Les questionnaires ont été distribués par l’intermédiaire des proviseurs dans les quatre lycées que comptent Niort, un lycée mellois et un saint-maixentais. Les lycées ont bien joué le jeu. Des plages horaires ont même été aménagées avec les professeurs principaux pour que chaque classe puisse répondre aux 26 questions posées dans de bonnes conditions.
Ainsi, plus de 2000 lycéens des classes de seconde et de terminale ont pu, entre autre, nous renseigner sur l’âge auquel ils ont créé leur premier compte sur les réseaux sociaux, le nombre d’heures qu’ils passent connectés et à quelle fréquence.
Nous avons limité l’enquête aux 14/15 ans et aux 17/18 ans afin de voir si  l’on pouvait constater une évolution des comportements entre ces deux classes d'âge. »

  • Quelles conclusions tirer de cette enquête ?

« Nous étions partis avec l’idée que les terminales seraient plus raisonnables et finalement l’analyse ne le montre pas. Il n’y a pas de différence marquée entre les 14/15 ans et les 17/18 ans. On retiendra que 90%* des jeunes interrogés sont inscrits sur des réseaux sociaux, Facebook en tête puisque 97,6% d'entre eux ont crée un profil. L’addiction existe puisque plus d’un tiers déclare qu’il leur serait difficile ou impossible de s’en passer.

Seuls 10% résistent encore et annoncent ne pas porter d’intérêt à ces espaces d’échange. L’étude a surtout révélé que pour les lycéens l’usage de ces réseaux ne comporte pas de risque. Pour preuve, 94 % d’entre eux ont créé leur profil sous leur véritable identité, 81% y déposent des photos personnelles, 60% évoquent leurs centres d’intérêt et 30% donnent des informations sur leur vie amoureuse ou communiquent leur adresse mail dans ces échanges virtuels, chose qu'ils ne ferait pas en face à face.

Il y a une véritable méconnaissance  des dangers potentiels liés à cette nouvelle tendance sociologique. Sur 2000 lycéens, 175 reconnaissent avoir été victimes de contenus répréhensibles publiés sur les réseaux sociaux.
Nous allons rendre, sous peu,  nos conclusions à chaque proviseur. A la suite de cette enquête certains d’entre eux ont déjà décidé de mettre en œuvre des actions pour sensibiliser leurs élèves à l’impact et aux conséquences d’une utilisation non maîtrisée des réseaux sociaux ».


*Les chiffres publiés dans cet article sont des données provisoires.
Les conclusions de cette enquête seront présentées lors d’une conférence débat animée par Yann Leroux, psychanalyste et spécialiste du « Moi numérique », organisée le 15 mars à 17 h, dans les locaux du département STID de l’IUT de Poitiers, situé au Pôle universitaire de Niort, 8 rue Archimède.

(Le 2 mars 2012)