Régis Brouard est l’entraineur de l’équipe première des Chamois depuis le mois de juin. Echanges avec cet ancien joueur niortais.
- Vous êtes de retour à Niort après y avoir joué voici 18 ans. Avez-vous retrouvé vos marques ?
Régis Brouard : J’étais juste revenu au stade entre temps. J’ai retrouvé la ville comme je l’avais quittée. Le grand changement, c’est la place de la Brèche bien sûr.
- N’est-ce pas frustrant de passer comme ça d’une région et d’un projet à l’autre ?
R.B. : C’est au contraire ce qui me plaît dans ce métier. Repartir sur quelque chose de nouveau ou s’inscrire dans un projet lancé. On n’a pas le temps de s’ennuyer. Je trouve ça excitant.
- Selon vous, Niort est-elle une ville taillée pour le foot ?
R.B. Je suis venu parce que je sens un potentiel qui ne demande qu’à éclore. On me dit que le développement du foot a atteint ses limites ici. Je pense qu’il n’y a pas de limites. Si le projet peut se développer, avec un nouveau stade, les investisseurs viendront. Il y a déjà beaucoup de partenaires, un potentiel économique important.
- On dit que le public du stade René-Gaillard est plus spectateur que supporter.
C’est une vérité. C’est à nous, les acteurs, de faire vivre tout ça. Je suis frappé par le nombre de gens qui viennent au stade. C’est une belle marque de confiance.
- Avez-vous gagné du temps en arrivant dans un club que vous aviez déjà connu ?
R.B. Oui absolument. J’ai notamment joué avec Franck Azzopardi (aujourd’hui directeur du centre de formation et Karim Fradin (le manager général). J’ai rencontré dans ce club des gens passionnés par ce qu’ils font. De bons mecs dans notre milieu si particulier.
- Vous avez fait confiance à plusieurs jeunes juste sortis de leur formation depuis le début de la saison.
R.B. : En me présentant le projet, on m’a beaucoup parlé de la formation. A Niort, on fait du très bon travail dans ce domaine. Et puis on a tous commencé un jour ou l’autre. Je pense à celui qui m’a lancé à 18 ans en 3e division à Rodez (Michel Poisson, ndlr), alors que je venais du centre de formation d’Auxerre, avec Guy Roux, époque Basile Boli et Eric Cantona.
- Vous prônez un jeu direct, moins basé sur la possession que votre prédécesseur, Pascal Gastien.
R.B.: Je prenais beaucoup de plaisir à regarder jouer Niort l’année dernière, avec une philosophie de possession. Ça ne me posait aucun problème. Je suis plus dans la prise de risque, qui amène du déchet, automatiquement… Globalement je prône l’ouverture d’esprit. Dans le foot il faut vite s’adapter.
- Vous-même ne restez pas cantonné au monde du foot.
R.B.: Ce n’est pas facile de sortir de sa bulle. Mais, par le foot, j’ai eu la chance de rencontrer des gens d’horizons divers. Du cinéma par exemple, avec Romain Duris qui voulait voir comment se passait notre métier. Il préparait un rôle de coach pour le film Populaire. Il m’est aussi arrivé de faire des interventions auprès d’entreprises, au sujet du management. Ça m’a beaucoup plu. Comme les entrepreneurs, on est dans l’exigence de résultats.
- Votre ambition est-elle toujours de finir dans le haut du classement avec les Chamois ?
R.B. : J’ai toujours envie de croire que c’est possible. La plus grande frustration pour un entraineur, c’est de posséder un potentiel et de ne pas pouvoir l’exploiter. C’est le cas actuellement. Certains joueurs ont une approche trop tranquille de leur métier.
- Quel est le plus grand souvenir de votre carrière ?
R.B.: Le parcours en coupe de France avec Quevilly bien sûr (conclu par une finale au Stade de France, ndlr). Personne ne peut le comprendre, il faut le vivre. Notre métier est unique dans son genre. Il y en a peu qui permettent de vivre des choses si incroyables.
(Propos recueillis par Karl Duquesnoy
Décembre 2014)