Plasticienne, calligraphe et créatrice de cartes d’art, Marilyne Bourgoin intervient à l’école Ernest-Pérochon dans le cadre de « Coup de pouce Clé" (clubs de lecture et d’écriture). Ce dispositif est inscrit dans le programme de réussite éducative porté par le CCAS et la Ville de Niort.
Chaque année, elle accompagne cinq élèves de CP en difficulté dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Un « acte de militance au quotidien » qui lui tient énormément à cœur.
- Depuis combien de temps intervenez-vous à l’école Pérochon ?
"Quatre ans maintenant. Auparavant, j’avais fait des initiations à l’écriture calligraphique avec des enfants dans les quartiers. Quand ces Clubs de lecture et d’écriture, qui sont une aide à l’apprentissage en dehors du temps scolaire, ont été lancés en 2006, on m’a proposé d’en animer un à l’école Pérochon. Les interventions ont lieu tous les jours – sauf le mercredi et les vacances – de 16 h 30 à 18 h. Nous nous retrouvons dans la bibliothèque et cela commence toujours de la même manière, par le goûter. Un moment de partage essentiel."
- Pour quelle raison vous êtes-vous investie dans ce dispositif ?
"Quand on est artiste, dans son atelier, on peut parfois se sentir un peu coupée de certaines réalités sociales. Or, dès que l’on met les pieds dans une cour d’école, on est plongé dans la réalité ! Celle d’enfants qui n’ont pas toujours de livres chez eux. En concertation avec l’équipe enseignante très engagée – d’où mon attachement à cette école – nous sommes là pour les amener à construire leur intérêt et leur apprentissage. Cela repose beaucoup sur les jeux (lotos, jeux de sons…). J’ai d’ailleurs reçu une formation de l’Association pour favoriser une école efficace (Apfée), spécialisée dans l’apprentissage par le jeu pour les enfants fragiles. Pour moi, ces clubs sont un "acte de militance au quotidien", sachant que nous accompagnons aussi les parents. Et quelle satisfaction quand vous voyez un élève, un jour, aller tout seul au bac à livres !"
- Quel lien y a-t-il avec votre activité d’artiste ?
"Pour transmettre l’écriture aux enfants, j’ai été obligée de découper les lettres par exemple, ce qui me fait aussi progresser dans mon propre apprentissage de la calligraphie. Même si tout se déroule avec l’institutrice, le fait d’être artiste laisse une grande liberté. A Noël, par exemple, j’avais calligraphié au chocolat le nom de chaque enfant sur des petits pains ! Pendant les vacances scolaires, nous conservons toujours le lien et je leur écris des cartes avec le même soin que pour les cartes que je crée. Je sais qu’ils les conservent."
- Justement, voilà dix ans que vous créez des cartes d’art. Avez-vous d’autres projets ?
"Je continue les cartes, qui sont aujourd’hui diffusées partout en France. Plus récemment, je me suis lancée dans la création de « carnets d’exception » avec Lucile Dupeyrat, artiste brodeuse et passementière, installée à Saint-Marc-La-Lande. Les tout premiers ont été présentés en septembre dernier au « Bon Marché », à Paris."
Propos recueillis par
Marie-Catherine Comère
(mars 2010)