Pascal Gastien, l'entraîneur des Chamois niortais, pourrait bien réussir son pari : faire remonter sonéquipe en Ligue 2, afin qu'elle retrouve son lustre d'antan. Portrait d'un homme aussi attachant que compétent.
Debout, accoudé à son banc de touche, il scrute, observe avec attention la prestation de ses joueurs. Rester assis, il en est incapable. Trop désireux d’apporter la moindre correction, de suggérer un replacement. Il lutte contre l’impuissance inhérente à sa fonction. « On travaille toute la semaine. Après, le jour du match, les joueurs sont les acteurs ». Pascal Gastien, 48 ans, est l’entraîneur des Chamois niortais depuis trois ans. Sa mission, ô combien compliquée et excitante à la fois : redonner au club son lustre d’antan.
Un défi lancé par les dirigeants du club, aux lendemains d’une double relégation sportive qui aurait pu mener à sa disparition pure et simple. Perte du statut professionnel et du centre de formation, dont Pascal Gastien était le directeur, furent néanmoins des sanctions peu clémentes. "J’ai vécu les quinze jours les plus difficiles de ma vie. J’étais en dépression. Cette catastrophe, m’empêchait de tenir mes engagements par rapport aux familles. Tous ces jeunes que nous formions ont dû quitter le navire faute de structure adaptée. Nous sommes repartis de zéro. Il n’y avait plus de joueurs, il a fallu tout reconstruire."
Mais le battant a refait surface et a donné son accord pour relever le challenge. "J’ai accepté par amour pour le club. Je n’ai posé qu’une condition, celle de pouvoir repartir avec mon staff. Des hommes avec qui j’ai vraiment plaisir à travailler." Le calme apparent quand il soutient votre regard, le ton posé lorsqu’il répond à vos questions, contrastent avec la rage de vaincre qui l’habite intérieurement. Ce don de soi, cette hargne et cette exigence ont fait de lui un personnage incontournable du paysage sportif local. Les Niortais n’ont pas oublié ce joueur technique et accrocheur, ce capitaine qui, il y a trente ans, a hissé les Chamois jusqu’en première division. La saison suivante, il s’envolera pour Marseille et enrichira son palmarès d’un doublé coupe-championnat, en 1989 ! "C’est la persévérance, l’investissement et l’amour du football qui sont les clés de ma réussite."
Natif de Rochefort, mais Niortais de cœur depuis 1982, il dirige aujourd’hui son fils Johan sur les pelouses du National. Sa femme Marie-Christine et sa fille Audrey ne manquent qu’en de très rares occasions le plaisir de venir encourager les hommes de la famille. D’autant plus que cette année, elles ont eu plus d’une fois l’occasion de s’enthousiasmer. Sa mission, Pascal serait en passe de la réussir. Son équipe n’a jamais quitté le trio de tête depuis le début de la saison. La Ligue 2 tant convoitée, qui restaurerait le prestige des Chamois, est en point de mire. Posé et lucide quand il dirige, fougueux voire hargneux lorsqu’il jouait, voilà les traits de caractère contrastés de sa généreuse personnalité. "Les Niortais méritent un club de haut niveau. Le potentiel public est énorme ici. Il n’y a qu’à regarder nos affluences même dans les moments difficiles."
(Le 14 mai 2012)