Les Niortais Stéphanie et Hugues Bioret se sont lancés dans l’aventure. Ils ont créé leur maison d’édition et alimentent ainsi leur passion pour le voyage. Leur dernier livre nous fait visiter la capitale : Paris des enfants.
- Comment vous est venue cette idée de livres sur le voyage ?
Hugues : Suite à un périple de huit mois dans le bassin méditerranéen, en famille, nous avons rapporté un carnet de voyage avec des collages, des croquis, des textes. On s’est rendu compte que ça marchait bien avec les enfants. C’était un début d’idée. Une idée qui nous permettrait de vivre de notre passion pour les voyages.
- Quel cheminement vous a conduit à associer découverte de contrées plus ou moins lointaines et jeux ?
Hugues : D’expérience, on sait que pendant les voyages, il y a pas mal de temps d’attente. Ne serait-ce qu’au départ, à l’aéroport. C'est long pour les enfants. Une fois, on a vu une famille jouer aux Incollables (jeux de questions, ndlr) pour tuer le temps. On a trouvé ça un peu dommage. L’idée de jeux plus thématiques, en lien avec une destination, a germé. Et honnêtement, on n’avait pas forcément les compétences pour faire de vrais guides de voyage.
Stéphanie : L’idée de départ était que les enfants s’approprient pleinement leur voyage, leur destination. Mais on ne se leurre pas. Le livre doit d’abord séduire les parents. Les petits ne se jettent pas spontanément sur nos bouquins. Ils sont plus attirés par un album de Dora l’exploratrice ou un magazine avec un jeu sous plastique.
- Comment établissez-vous le choix de vos destinations ?
Stéphanie : Nous avons fait le tour des pays autour de la France : Italie, Espagne, Angleterre, Portugal, Maroc … Les choix sont aussi guidés par des préoccupations budgétaires.
- Vos livres comptent un jeu par page. Cela semble beaucoup. Comment faites-vous pour ne pas vous répéter ?
Hugues : Nous avons toute une collection de jeux, comme une batterie d’outils. L’idée est ensuite de les faire coller aux thèmes. Par exemple, pour ce dernier sur Paris, sur la page consacrée au Palais de la Découverte, nous avons pensé à un jeu sur une expérience de chimie. Et par ces jeux, on essaie de déborder du thème pour aller plus loin. Mais il faut éviter d’être trop bavard.
Là encore nous travaillons en famille. Nos enfants testent les jeux à l’étape de fabrication. Nous disent « ça, ça marche, ça, ça ne marche pas ».
- Combien de temps vous faut-il pour fabriquer un ouvrage ?
Stéphanie : Il faut compter trois mois, incompressibles. Au-delà de la rédaction et des jeux, la création graphique prend du temps. Chaque page à sa propre maquette (Stéphanie est chargée de l’illustration avec Julie Godefroy, 3e membre de l’équipe. ndlr). On travaille sur une tonalité graphique, une palette de couleurs pour chaque numéro. Pour New York, on était sur du jaune, du rouille, du gris. Pour Paris, on est parti sur une ambiance plus rétro, à Nantes du gris coloré.
- Allez-vous systématiquement sur place pour concevoir un ouvrage ou vous documentez-vous à distance ?
Hugues : On se déplace bien sûr. Mais pas toujours avec les enfants malheureusement. Pour New York, nous sommes partis 15 jours, tous les deux, en avril dernier. Il faut se laisser happer par l’atmosphère, l'énergie du lieu. On cherche à retranscrire nos impressions, nos sensations.
- Votre petit dernier « Paris des enfants » sort ce mois-ci. Quelles difficultés particulières avez-vous rencontrées ?
Hugues : Il a été dur à faire. Nous avions une très grande richesse d’infos à traiter. Comme tout le monde, nous avions pleins d’images sur Paris. Pour les autres, celui sur New York par exemple (le précédent, ndlr) on pouvait appliquer un regard de touriste, s’arrêter sur les points essentiels. Faire des clins d’œil pour les enfants, se faire plaisir selon nos goûts. Je pense notamment à la page sur Woody Allen, cinéaste que nous adorons.
Alors que pour Paris, nous avons eu du mal à nous restreindre. Nos livres font toujours le même nombre de pages (64). Nous avons commencé par dresser une liste de thèmes. Puis nous nous sommes canalisés par arrondissement, pour être sûr de ne rien oublier.
- Comment vos livres sont-ils diffusés ?
Stéphanie : Nous sommes un petit éditeur. Notre marché est une niche. On n'imprime que ce que l’on vend. On ne peut pas inonder les rayons des librairies. Mais on est diffusé partout en France. Egalement dans les magasins Relay des aéroports. Un endroit idéal pour nous bien sûr.
Hugues : Avec celui sur Paris, on inaugure de nouveaux lieux de diffusion : le musée d’Orsay, le Palais de la Découverte. C’est aussi le premier en double version : anglais et français.
- Lequel de vos livres a le mieux marché en termes de ventes ?
Hugues : Celui sur l’Angleterre a été tiré à 8000 exemplaires, Nantes marche bien aussi avec 4000 tirages. En tout, nous vendons environ 20 000 livres par an.
Propos recueillis par Karl Duquesnoy
(13 mars 2014)