Handicap:Votez pour My Human Kit
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Rencontre avec Nicolas Huchet lauréat du prix de l’innovation du MIT pour avoir été à l’origine du projet Bionico Hand (main bionique imprimée en 3D).
Nicolas Huchet est un homme de passions. Certaines étaient inscrites dans ses gènes, la vie s’est chargée de susciter les autres… et pas forcément de la manière la plus douce.
Celui qui a reçu, fin avril, le prix de l’innovation sociale du Massachusetts Institute of Technology pour avoir été à l’origine du projet Bionico Hand (main bionique en open source et imprimée en 3 D), aurait voulu être batteur. “Je viens d’une famille modeste : c’était compliqué d’acheter une batterie.” Son papa cuisinier et sa mère travailleuse sociale l’ont néanmoins toujours encouragé à foncer, le destin a fait le reste.
Ses premiers pas vers la vie professionnelle conduisent Nicolas vers un BEP de maintenance des systèmes mécaniques automatisés avec les Compagnons du devoir. Une route qui mène, sansqu’il le sache encore, au carrefour le plus important de sa vie. “Je travaillais sur une machine, à Lille, quand j’ai eu un accident qui m’a fait perdre ma main droite.” Même s’il est gaucher, il doit alors repenser son avenir. “J’ai d’abord tenté de continuer, mais je n’ai pas pu : l’accident m’a fait réaliser que les choses pouvaient s’arrêter très vite. D’autant que je venais de perdre un ami proche et qu’un autre se retrouvait en fauteuil roulant.”
La reconversion passera par l’Irlande. “Là, j’ai découvert qu’il existait une formation professionnelle d’ingénieur du son. Ça me rapprochait de la musique.” Après une première année à Dublin et une autre dans un petit port typique et festif, Tralee, il part six mois, sac au dos, pour l’Amérique du Sud, par envie de croquer la vie, ouvrir les fenêtres sur le monde.
Sa reprise de contact avec la France se fait à Rennes où il devient formateur son. Là, il découvre l’existence d’un Fablab : un atelier laboratoire où des outils de fabrication numérique sont mis à la disposition du public. Nicolas Huchet bifurque sur une route nouvelle. “Là, j’ai rencontré des techniciens et leur ai demandé comment améliorer une prothèse de main.” Au bout de quelques mois de recherches en commun, ils étaient capables de reproduire les modèles trouvés sur internet. “La première fois qu’on a testé le résultat de nos investigations, c’était en juin 2013 : ça fonctionnait, mais à l'époque, je ne pouvais pas m’en servir.” D’autres bénévoles s’y sont mis, dont les Deux-Sévriens Hugues Aubin et Richard de Logu et Nicolas s’est familiarisé avec l’imprimante 3 D. Aujourd’hui, l’association My Human Kit, qui porte ce projet mutualiste, a besoin de mécènes pour pouvoir continuer l’aventure et susciter de plus grands espoirs encore.
En quelques mois, la vie de Nicolas a pris un méchant coup de turbo. Il a reçu son prix du MIT à l’Atelier BNP à Paris, a présenté sa prothèse à “L’échappée volée” de Chambord, à Moscou, à Saint-Pétersbourg. Il était aussile parrain du Hackathon des rencontres handicaps et numérique de Kerpape, à côté de Lorient.
Ce natif de Niort qui a grandi en Deux-Sèvres (à Saint-Christophe-sur-Roc, Saint-Pierredes-Echaubrognes) a dû aussi faire face à une médiatisation à laquelle il n’était pas préparé, mais qui fait la fierté de ses parents et de ses deux soeurs aînées.
Et comme rien n’arrête un Nicolas Huchet qui rêve, il est aujourd’hui batteur de deux groupes : une formation de bal qui fait surtout des reprises et les “Affennorder”. “On jouera d’ailleurs le 23 septembre au Festival D de Nantes, une rencontre de jeunes inventeurs.” À 31 ans, quand on lui demande sa définition de la sagesse, il répond que ça pourrait être de réussir à voyager sans se déplacer : dans sa tête. Pour l’instant, c’est extrêmement prématuré : “Il est dommage d’être en vie et de ne pas faire le plus de choses possible.”
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