L’association d’insertion AIPEMP diversifie ses actions. Cette semaine, elle met en vente les premiers légumes bio issus de sa nouvelle activité de maraîchage, à Saint-Liguaire.
Sous le soleil enfin au rendez-vous de l’été, ils sont huit à s’activer entre les rangs d’oignons, de courgettes ou de tomates. Huit personnes salariées de l’AIPEMP (association pour l’insertion par la protection et l’entretien du Marais poitevin), en difficulté sociale et professionnelle, que la vie et ses circonstances ont éloignées des canaux de l’emploi. Les uns arrosent les pieds de tomates, les autres désherbent à la main ou à la binette. A Saint-Liguaire, en bord de Sèvre, l’association loue une parcelle de 4,5 hectares, inexploitée depuis plus de trois ans, qu’elle dédie à sa nouvelle activité, le maraîchage bio.
Pour l’heure, seuls 2 ha sont exploités, sur lesquels poussent une douzaine de variétés de légumes de saison (oignons, pommes de terre, courgettes, carottes, tomates, poireaux… sans oublier l’indispensable mogette), mais l’objectif, à terme, est bien d’occuper toute la surface et produire une trentaine de variétés.
Encadrés socialement et professionnellement, les huit salariés travaillent 24 heures par semaine, alternant deux journées pleines et deux demi-journées, dans un parcours qui durera deux ans. « L’objectif n’est pas de leur trouver un emploi dans le maraîchage, mais de les aider à trouver un savoir-faire, retrouver un savoir-être et leur remettre le pied à l’étrier », précise Jean-Jacques Guillet, président de l’AIPEMP et maire d’Amuré.
La parité est dans le pré
Jusqu’alors spécialisée dans le bucheronnage, le piégeage des ragondins et l’entretien des espaces naturels du marais, l’AIPEMP se réjouit d’avoir été missionnée pour développer cette activité de maraîchage. Au-delà de la chance offerte à des bénéficiaires des minima sociaux de revenir vers l’emploi, elle permet à l’association d’intégrer plus facilement des femmes dans ses activités. La parité est de mise avec 4 femmes et 4 hommes, dont l’encadrement est assuré par Bénédicte Gervais, chargée de mission et Thomas Woolf, encadrant de chantier.
La commercialisation des légumes est en phase de finalisation. Une grande partie de la production ira à la restauration collective (cantines scolaires, maisons de retraite…) via le réseau RésALIS du Conseil général 79 et la plateforme d’approvisionnement du Syndicat de pays du Marais poitevin. On les trouvera également à L'Epicerie du Marais récemment ouverte sous les arcades des halles de Niort et l’association étudie la possibilité de vendre des paniers « façon amap » via le réseau des Jardins de Cocagne et les comités d’entreprise des mutuelles niortaises.
Pour cette mission, l’AIPEMP a trouvé ses financements auprès de l’Europe via le FSE (Fonds social européen), de l’Etat (Direction du travail), du Conseil général 79, de la Région Poitou-Charentes. Elle a également fait appel aux Cigales, le club d'investisseurs solidaires, pour l'achat de matériel.
L’histoire commence en 1996 quand le Parc interrégional du Marais poitevin et la direction du travail mettent en place une équipe de piégeurs de ragondins sur le territoire du marais. En 1999, après le passage de la tempête Lothar, la même collectivité met en place les « chantiers tempête », soit cinq bucherons professionnels encadrant 30 personnes en contrat aidé pour nettoyer les dégâts.
2003, c’est la fin des contrats aidés. L’AIPEMP est créée début 2004 pour pérenniser les emplois existants. Ses activités : le piégeage ragondins, l’entretien du milieu naturel du Marais poitevin (bucheronnage, entretien pistes cyclables, petit entretien de rivières…)
Fin novembre 2011, l’AIPEMP est missionné pour mise en place de filières courtes d’approvisionnement en légumes bio. Novembre 2012, la direction du travail (Direccte) donne son agrément pour que débute l’activité. Une chargée de mission est recrutée et le travail commence avec 2 personnes par le défrichage de la parcelle. Juin 2013, la Direccte donne un agrément pour l’embauche de 6 personnes supplémentaires, l’objectif étant d’arriver à 12 le plus vite possible.
(Le 11 juillet 2013)