Des sourires plein la place du Temple : les Niortais ont vécu un moment d'exception hier, en fin d'après-midi, avec le concert d'Ibrahim Maalouf. C'est un jeune musicien comblé que nous avons rencontré, à l'issue d'une longue séance de dédicace.
- Alors, il est comment ce public niortais ?!
Ibrahim Maalouf :"Très accueillant, ouvert. C'était très agréable pour moi car j'ai souvent un public de festival de jazz qui écoute religieusement, qui surveille pour voir si je fais le bon si bémol. Là, c'était détendu, il y avait tous les âges, de 5 à 80 ans, c'était familial. Je me suis sentis bien dans cette ambiance."
- Est-ce que votre arbre préféré est le cèdre du Liban ?
I.M.: (Il rit). "Je l'aime beaucoup mais je préfère le gardénia ; les vignes aussi : il y en a beaucoup au Liban et puis le pin parasol. Je trouve ça magnifique."
- Quelle est la rencontre qui vous a le plus marqué ?
I.M.: "J'ai effectivement la chance de rencontrer beaucoup de gens passionnants, mais il n'y en a pas un qui m'ait marqué plus qu'un autre. Disons que certains ont changé ma route. Maurice André m'a redonné envie de jouer de la trompette à un moment où je voulais abandonner. Avec Lhasa de Sela j'ai trouvé un son nouveau."
- Justement quand vous repensez à Lhasa qui nous a quitté le 1er janvier dernier, quelle image vous vient immédiatement ?
I.M.:"Celle d'une princesse. C'est un vrai monument. Elle n'a sorti que trois disques, mais dans vingt ans les gens s'apercevront que c'était un génie."
- Sur votre album « Diaspora », il y a un titre qui s'appelle « Hashish ». Vous pouvez nous dire comment il est né ?
I.M.: (Rire). "Disons que c'est plus une sensation. Il y a le côté envoûtant du morceau : je m'endormais toujours en le travaillant ! Et puis il y a plein d'autres choses sur lesquelles je ne peux pas m'étendre (rire). Mais vous savez, pendant la guerre du Liban, le hasch a joué un rôle. Les soldats prenaient ce carburant avant d'aller se tirer dessus dans les rues."
- Quand vous avez besoin de nature vous allez où ?
I.M.:"Dans le village où j'ai grandi Ain El Qabou. Ça ressemble au paradis. Quand nous avons dû nous exiler en France, nous étions isolés dans une maison, les yeux rivés sur les infos pour savoir quand nous pourrions rentrer. Nous retournions au Liban trois mois dans l'année et c'était merveilleux. Je me sentais beaucoup plus libre au Liban pourtant en guerre, qu'en France. Dans mon village, qui est à 1.200 mètres d'altitude, à gauche on voit la mer et Beyrouth et à droite les pistes de ski et les neiges éternelles. Comme si c'était tout l'univers. C'est normal, c'est le paradis."
Propos recueillis par
Jacques Brinaire