Economie:ENO. Deux mots d'histoire
Publié le
C’est une centenaire alerte et labellisée qui occupe 10 000 mètres carrés d’ateliers au n° 95 de la rue de la Terraudière. ENO fait partie des entreprises niortaises qui osent, créent, innovent, investissent pour maintenir leur leadership dans leur secteur d’activité.
Les belles histoires s’inscrivent dans la durée, dit-on. Ce n’est pas l’entreprise ENO qui contredira la maxime. Cela fait cent ans qu’elle est implantée à Niort, cent ans qu’elle traverse les crises et subit les soubresauts des marchés, courbant certes l’échine, mais se relevant chaque fois. Car ENO c’est avant tout un savoir-faire centenaire, la maîtrise reconnue de la fonderie et de l’émaillage appliqués aux appareils de chauffage et de cuisson. Raison pour laquelle ENO est, depuis 2011, labellisée « Entreprise du patrimoine vivant », un label d’Etat qui distingue des entreprises et des artisans français qui excellent dans leur domaine.
Un savoir-faire et une excellence que l’entreprise décline aujourd’hui dans un produit nouveau qui lui a donné un bel élan et l’a peut-être sauvé de la crise. Car, que serait ENO aujourd’hui si ses deux co-gérants, Laurent Colas et Antoine Thomas, n’avaient été visionnaires sur la plancha ?
En 2003, ces deux amis d’enfance aux compétences complémentaires rachètent l’entreprise qui, sous l’impulsion de son précédent dirigeant, s’était hissée au rang de leader mondial des équipements de cuisson pour le nautisme. Mais pas question de s’endormir sur ces beaux lauriers iodés, leur stratégie est basée sur l’innovation, la croissance et l’investissement pour gagner en qualité et en compétitivité.
La plancha de salut
Maîtrisant la fabrication des appareils de cuisson depuis des décennies, ENO en vient naturellement à fabriquer des planchas pour le compte de sociétés françaises. Jusqu’au jour où les deux associés décrètent que c’est un produit d’avenir, qui va révolutionner la cuisine outdoor. Ils rouvrent l’atelier d’émaillage, modernisent la méthode d’application du produit, achètent une découpeuse laser et lancent la marque Plancha Mania qui, rapidement, connait le succès.
Un succès d’autant plus bienvenu qu’en 2008, la nouvelle crise économique fait chuter le marché du nautisme de 60 %. La plancha vient donc compenser le manque à gagner sur ce secteur.
Des planchas labellisées
La fabrication de planchas représente aujourd’hui 60 % de l’activité d’ENO qui s’est hissé au rang de premier fabricant français. Le nautisme pèse 25 % et l’entreprise demeure leader mondial de ce secteur. Le produit ancestral de la marque, le chauffage mobile au gaz ne représente plus que 15 % de l’activité. Réunis, ces trois secteurs réalisent un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros (CA 2012) avec une progression de + 50 % enregistrée entre 2009 et 2012. L’export direct représente 19 % du chiffre d’affaires.
Alors que la tentation de la délocalisation est grande, surtout en période de crise, ENO a fait le choix de maintenir son implantation historique niortaise et de privilégier la fabrication française des éléments qui entrent dans la composition de ses produits. Ce qui a valu aux planchas ENO le label « Origine France garantie » délivré par le bureau Veritas.
Cap sur l’Amérique
L’entreprise emploie aujourd’hui 80 salariés, ainsi que, selon les nécessités de la production, de 20 à 30 personnes handicapées issues de l’EPCNPH (Etablissement public communal niortais pour les personnes handicapées). Une dimension sociale à laquelle s’ajoute une orientation éco-responsable. Les produits Plancha Mania sont 100 % réparables, consomment peu d’énergie et le bois utilisé pour les dessertes est labellisé FCS, c’est-à-dire issu de forêts gérées et exploitées de manière raisonnée.
Le prochain challenge d’ENO sera de lancer la plancha, son mode de cuisson et son état d’esprit, au pays du barbecue roi : les Etats-Unis et le Canada. Pour cet immense marché qui s’ouvre à elle, ENO s’appuiera sur sa filiale canadienne de Vancouver qui emploie quatre salariés et qui était jusqu’alors son relais américain pour le secteur des cuisinières de bateaux.
(Le 23 décembre 2013)
Publié le