Samedi 5 avril, le centre d’art contemporain photographique accueillait, au pavillon Grappelli, les huit jeunes artistes en résidence, dans le cadre des 20e Rencontres de la jeune photographie internationale. Parmi eux, Clara Chichin. Entretien.
Ils viennent d’Indonésie, d’Espagne, d’Allemagne, d’Autriche et de France. Huit jeunes photographes en devenir, mais au talent déjà certain, sélectionnés parmi les 162 candidatures pour la résidence d’artistes des 20e Rencontres de la jeune photographie internationale.
Arrivés la veille, ils découvraient au pavillon Grappelli l’exposition qui, jusqu’au 18 avril, donne à voir les œuvres qui ont séduit le jury et permis leur sélection. Durant deux semaines, ils ont carte blanche pour élaborer et travailler un projet photographique personnel qui sera exposé au même pavillon Grappelli du 19 avril au 31 mai. Ces huit artistes émergents enrichiront leur pratique et leur propos créatif des bons conseils de Françoise Huguier, invitée d’honneur de ces 20e Rencontres, qui présente actuellement deux expositions à la Villa Pérochon.
Pour Clara Chichin, l’une des huit artistes sélectionnés, ce sera sa toute première résidence d’artiste. Rencontre avec une jeune photographe diplômée des Beaux-Arts qui associe le verbe à l’image.
Clara Chichin : "Je suis née en 1985 et je vis en région parisienne. J’ai fait des études théoriques « Art, littérature et pensée contemporaine » à l’université Paris VII et j’ai terminé mon cursus aux Beaux-Arts de Paris où j’ai été diplômée en 2012".
- La photo, c’est une passion de toujours ?
Clara Chichin : "J’ai commencé à pratiquer la photographie assez jeune, mais c’est après mes études théoriques que j’ai vraiment voulu l’approfondir et développer le rapport entre écriture et photographie. J’ai réussi à le faire aux Beaux-Arts, sur un travail autobiographique, avec beaucoup de photos du quotidien. Plus récemment, j’ai commencé à utiliser le sténopé* qui permet de travailler aussi le mouvement et le temps dans l’image fixe. C’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup. Comme j’ai aussi fait de la vidéo, là j’arrive à faire converger mon intérêt pour l’image fixe et l’image en mouvement".
- La technique tient-elle une part importante de votre travail ?
Clara Chichin : "Finalement non parce que dans mes photos il y a une grande part de hasard. Je ne suis pas du tout une technicienne. Je travaille surtout par impulsion, soit avec le sténopé, soit avec des appareils compacts avec lesquels j’ai peu de manipulation et de réglages à faire. Ce qui m’intéresse, c’est travailler l’idée de séquences, de mettre des images les unes après les autres, de recréer une histoire à partir d’images, dans une espèce de narration qui peut être onirique. Je travaille beaucoup par accumulation et après je trie".
- Pourquoi avoir postulé pour cette résidence et qu’en attendez-vous ?
Clara Chichin : "J’ai deux amis photographes qui l’ont déjà faite et qui m’ont vivement conseillée de tenter le coup. C’est ma toute première résidence, alors je suis très heureuse d’avoir été sélectionnée. C’est tout nouveau pour moi car j’ai plutôt l’habitude de travailler avec mon proche entourage. C’est donc un challenge pour moi d’aller vers les gens, vers des inconnus".
- Pour votre projet de résidence, vous avez choisi d’aller explorer le Marais poitevin.
Clara Chichin : "C’est une piste que j’aimerais bien exploiter. Il s’agirait de travailler avec le sténopé. Je vais voir ce qu’il est possible de faire. Je connais la Vendée pour y être venue souvent en vacances quand j’étais petite. Je connais les environs de Luçon, Angle, La Tranche-sur-Mer. Il y a là-bas une partie du Marais, mais qui ne ressemble pas du tout à celle qu’il y a par ici. Ce sera une découverte pour moi".
- Avoir une marraine de résidence comme Françoise Huguier est plutôt enthousiasmant.
Clara Chichin : "C’est une très belle opportunité, une belle occasion de travailler avec quelqu’un de grand talent. On aura des moments privilégiés pour échanger avec elle. Je pense qu’il y aura aussi des moments d’échanges très riches avec les autres résidents, on va confronter nos différentes méthodes de travail, nos approches de la photographie".
- Sténopé : Appareil photo rudimentaire fait d’une boite étanche à la lumière dans laquelle on perce un trou de très petit diamètre. Une image inversée se forme sur la paroi opposée au trou, que l’on capture à l’aide d’un support photosensible.
Propos recueillis par Jean-Philippe Bequet
(Le 7 avril 2014)