Rue des Tournelles, à proximité immédiate de l’église Saint-Florent, des archéologues de l’Inrap ont mis à jour un cimetière médiéval avec des centaines de tombes, datées du VIIIe au XIIe siècle. Le chantier de fouilles s'étend sur 790 m², dans un terrain destiné à accueillir prochainement une maison individuelle.
La campagne de fouilles démarrée le 5 janvier dernier et devrait se poursuivre jusqu'à la fin du mois d'avril. Cette découverte précieuse pour l'histoire de Niort n'est pas vraiment une surprise pour l'équipe de recherches archéologiques préventives dépêchée à Niort. Au Moyen Âge, les cimetières étaient présents autour des églises. Or un édifice religieux à l’emplacement de Saint-Florent est mentionné dans des textes dès le milieu du IXe siècle.
Déjà dans les années 70, des travaux de construction au niveau du chevet de l'église avaient permis d'entrevoir le potentiel archéologique de ce secteur, révélant des éléments d'architecture de l'époque antique et deux sarcophages du haut Moyen-Age.
Les archéologues travaillent aujourd'hui sous la direction d’Annie Bolle, responsable scientifique de l’Inrap. L’institut avait établi en 2014 un diagnostic, comme c’est la règle avant tout projet d’aménagement, public comme privé. « Il s’avère qu’on a ouvert une fenêtre dans le cimetière du Moyen Âge. On a des tombes aux quatre coins. Le cimetière s’étend jusque là-bas, se poursuit à côté. Il est beaucoup plus vaste que la parcelle. Il y a des tombes partout, » indique Bernard Farago, anthropologue.
Un cimetière du XIIe siècle préservé
Les scientifiques fouillent les tombes au fur et à mesure qu’elles apparaissent et en recueillent les vestiges : ossements, céramiques et objets éventuels. « À l’époque médiévale, les gens sont enterrés très simplement, nus dans un linceul. Il n’y a pas d’offrandes dans les tombes, contrairement à l’époque gauloise ou gallo-romaine. C’est le christianisme qui veut ça. Pas d’objet, excepté de temps en temps des vases, qui sont utilisés lors de la cérémonie de funérailles… »
Bernard Farago précise que les tombes du XIIe, qui sont les plus proches de la surface, sont aussi les plus récentes sur ce terrain. «Postérieurement au XIIe, le cimetière a dû se déplacer. Ce qui fait qu’on a la chance de pouvoir fouiller un cimetière médiéval qui n’est pas perturbé par toutes les tombes des siècles suivants. Ce n’est pas souvent. »
Les tombes s’alignent et s’enchevêtrent sur plusieurs niveaux. Les archéologues ont concentré leurs efforts pour atteindre les tombes les plus anciennes, situées juste au-dessus du niveau géologique et tout près de la nappe phréatique. Ils estiment que la parcelle contient à elle seule entre 600 et 800 tombes, avec une population composée d’adultes des deux sexes et d’enfants. Le temps des fouilles, les scientifiques sont restés discrets afin de ne pas attirer des pillards. Mais leur découverte passionne le voisinage, qui vient régulièrement leur rendre visite.
Une étude des vestiges à venir
Après la phase terrain, viendra celle d’étude des vestiges, et notamment des squelettes. « Chaque sujet est numéroté. On déterminera en laboratoire le sexe des adultes, l’âge au décès des enfants, précise l’anthropologue. On peut également faire une étude sur les pathologies, sur les régimes alimentaires. Éventuellement, sur des apparentements entre tombes voisines. On récupère également tout ce qui est céramique. En revanche, les pierres restent sur place. »
Une présentation des découvertes du cimetière médiéval de Saint-Florent est prévue à l’issue de l’élaboration du rapport de fouilles, probablement pas avant 2016.